Faila Pašić-Bišić est la première candidate voilée slovène à se présenter aux élections européennes. Née dans une famille bosniaque à la fin des années 1970, elle revendique fièrement le droit à la différence. Militante plusieurs fois récompensée pour son action, elle se lance aujourd’hui en politique pour faire avancer vraiment ses idées.
Par A. De Noni
Faila Pašić-Bišić est la première candidate slovène aux élections européennes à porter le voile. Née à la fin des années 1970 en Slovénie, elle revendique fièrement ses origines bosniaques. Ses parents, des Musulmans de Bosnie-Herzégovine, se sont installés en Slovénie du temps de la Yougoslavie. Ils venaient chercher un travail dans la république plus riche de la fédération.
Affirmer sa différence
La jeune femme ne cache pas que son identité lui a créé beaucoup de problèmes au cours des années. « Je suis une femme, musulmane, et je venais de Bosnie. Tout cela m’a rendu très facilement victime de plusieurs niveaux de discrimination », racontait-elle l’an dernier dans une interview réalisée pour l’Union Européenne.
Fille d’immigrants, pauvre, musulmane, Faila a fait la désagréable expérience d’être traitée comme « une citoyenne de catégorie inférieure ». « J’ai toujours été obligée de me battre pour faire respecter me droits. » Lorsqu’elle cherchait du travail à la fin de ses études, Faila avait été classée « difficile à employer » par l’Agence d’aide à l’emploi slovène. En cause, son voile.
Ces tracasseries perpétuelles ont fini par lui donner envie de s’impliquer dans la société civile, en aidant surtout les groupes marginalisés et les étrangers. Elle a aussi fondé une association, UP charity, qui principalement s’occupe d’intégrer les jeunes migrants, « de plus en plus nombreux en Slovénie et dans toute l’UE ». « Notre but, est de les aider à trouver un emploi pour s’intégrer ». « Une intégration qui ne doit en aucun cas signifier assimilation ».
Une militante bien connue en Slovénie
Grâce à ce militantisme actif, Faila est devenue une personnalité très connue en Slovénie. En 2007, elle a été désignée « personnalité européenne de l’année pour l’égalité des chances ». Cette année-là, elle a aussi remporté le prix de « volontaire de l’année » dans son pays.
Son engagement politique, sur la liste des libéraux-démocrates du de Jelko Kačin, a été un choix naturel. « J’avais déjà eu beaucoup de propositions pour présenter ma candidature au cours des dernières élections législatives slovènes », se rappelle-t-elle. « J’ai toujours cherché changer la société par une action citoyenne, mais j’ai compris que sans un engagement politique il n’est pas possible d’améliorer la situation en Slovénie. Dans le processus décisionnel, il y a plein de gens sans idées, sans sentiments ».
« Je pense que l’Europe est prête à accepter que des musulmans soient eux aussi élus. Je suis sûre que les citoyens de l’Union sont déjà mûrs pour ce changement, en dépit de la montée de l’extrême-droite dans tous les pays membres ».
Si elle gagne sa place au Parlement européen, elle promet de se battre surtout « pour les droits des migrants, qui sont désormais une question prioritaire pour l’Europe ». Et de soutenir aussi « le chemin européen de la Bosnie-Herzégovine », même s’il «serait illogique d’alimenter de faux espoirs».
« Beaucoup de gens qui sont de grands partisans de la cause bosnienne siègent déjà au Parlement européen… Mais le problème de Sarajevo, c’est principalement sa classe politique. C’est cela qu’il faut changer pour faire progresser le pays. » (CDB)
