Le Centre culturel islamique défie Gilles Roth

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Par : Véronique Poujol

Le Centre culturel islamique met en cause dans un recours devant le tribunal administratif les incohérences du nouveau plan d’aménagement général de la commune de Mamer: il ferait la part belle à l’Église et chercherait chicane aux musulmans qui rêvent de reconstruire leur mosquée.

Le Centre culturel islamique (CCIL) de Luxembourg déploie les grands moyens et saisit la justice administrative pour mettre en question ce qu’elle voit comme des irrégularités et incohérences du nouveau Plan d’aménagement général (PAG) approuvé le 4 mars 2013 par la commune de Mamer, là où est installée la principale mosquée du Grand-Duché.

La procédure n’en est qu’à ses débuts (le recours a été introduit le 14 février dernier), ce qui rend l’avocat du CCIL, Me Faruk Durusu, plutôt réticent à détailler le recours en annulation et en réformation introduit contre le PAG.

«Il y a bien un recours, mais il est prématuré d’en parler. Nous sommes sûrs qu’un jugement interviendra avant la fin de l’année», se contente-t-il de dire à paperJam.lu.

Pas de minaret
Pour autant, l’origine du litige entre la communauté musulmane et le député maire de la très opulente commune de Mamer, le CSV Gilles Roth, est connue. Elle remonte à 2010, lorsque les représentants du CCIL ont fait part des plans de rénovation de la mosquée. Selon des sources proches du centre islamique, Gilles Roth aurait alors encouragé les musulmans à construire un nouveau bâtiment à la place de l’ancien plutôt que de le rénover, à condition toutefois de ne pas y mettre de minaret.

Le maire posait encore d’autres conditions: terminer les travaux avant le scrutin communal de l’automne 2011 et prévoir une centaine de places de parkings. Des conditions matériellement impossibles à tenir. Pour une question d’argent d’abord, qui manquait pour financer un projet de 1,5 million d’euros sur 1.200 m2. La quête de fonds auprès des fidèles et des sponsors de la communauté ayant permis de récolter un tiers seulement de la somme nécessaire.

La seconde exigence du bourgmestre en termes de places de parking se révélait aussi problématique. Les surfaces disponibles ne permettent pas de prévoir plus de 40 places. La solution passait par une indemnité compensatoire de plus de 400.000 euros pour les 60 parkings manquants. Une somme rédhibitoire pour une communauté religieuse non conventionnée par l’État et qui doit financer avec ses propres deniers ses lieux de culte, comme devraient bientôt le faire les autres religions, si le gouvernement reste cohérent avec son programme de coalition.

Mosquée vs église
Les relations déjà distantes avec la commune se dégradèrent par la suite, au printemps 2013, lorsque la parcelle sur laquelle l’actuelle mosquée est installée fut reclassée dans le PAG. Elle passait de la zone de moyenne densité en zone rurale, non constructible à moins que le bâtiment relève de l’utilité publique, statut que n’a toujours pas le CCIL, malgré ses demandes répétées aux ministres successifs de la Justice.

Or, toutes les autres parcelles à proximité du lieu de culte et longeant la route d’Arlon ont été intégrées dans une zone dite rouge, c’est-à-dire mixte (habitation et commerce) et urbaine, tolérant des constructions de plusieurs étages.

En voici le témoignage par l’image:
dzamija mamer plan
La bande rouge s’arrête donc aux portes de la mosquée, sans qu’il y ait beaucoup de logique, aux yeux des plaignants, dans le fait de ne pas avoir intégré la parcelle du CCIL de plus de vingt ares dans la zone constructible. Ou, à tout le moins, l’avoir classée en zone «bleue» consacrée aux bâtiments et équipements publics.

Les oppositions formulées par la communauté musulmane contre le PAG n’ont pas fait se raviser les autorités communales ni le ministre de l’Intérieur de l’époque, Jean-Marie Halsdorf, qui délivra le 22 octobre 2013 un arrêté consacrant le PAG litigieux.

Des places et des sièges
«Il s’agit clairement d’une discrimination», fait valoir un proche du dossier. Il fait par ailleurs remarquer que le nouveau PAG prévoit pour la construction d’une église (on ne parle pas de lieu de culte, ce qui serait indiqué dans un acte administratif, et on ignore totalement le lieu de culte islamique, présent depuis 30 ans dans la commune) un quota d’une place de parking pour dix sièges.

Si cette règle avait été appliquée au projet de construction de la mosquée, prévue pour 130 «sièges» (sachant par ailleurs que la prière chez les musulmans se passe de chaises), 13 places de parkings seulement seraient nécessaires et non plus une centaine comme l’exigeaient précédemment les édiles de Mamer. (Paperjam)

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